En lâchant le mot « abrogation » devant la droite ultra-conservatrice, puis en chargeant son entourage de nuancer son propos, l’ancien président a tenté samedi un véritable coup de poker. Un épisode qui en dit long sur la faiblesse de son projet politique.
Si comme l’écrivait André Gide, « l’intelligence, c’est la faculté d’adaptation », Nicolas Sarkozy peut se voir prêter bien plus que « deux neurones ». Car depuis plus d’un mois qu’il a entamé sa tournée de campagne pour la présidence de l’UMP, l’ex-chef de l’État ne fait que cela : s’adapter. Devant le public très “droite décomplexée” du Sud-Est, il n’avait pas hésité à réveiller le Buisson qui sommeillait en lui. Devant celui, ultra-conservateur, réuni le 15 novembre à l’initiative de Sens Commun, un collectif UMP émanant de la “Manif pour tous”, il a tenté l’un des plus gros coups de bluff de l’histoire des coups de bluff.
L’ancien président n’aime pas être pris à partie. Alors quand il commence ce samedi après-midi à aborder le sujet épineux du devenir de la loi Taubira en cas d’alternance en 2017 et que l’assistance lui répond en criant « abrogation ! », il sort la polissoire rhétorique : « Parfait, parfait. Quand on dit (que la loi) doit être réécrite de fond en comble, si vous préférez qu’on dise qu’on doit l’abroger pour en faire une autre… En français, ça veut dire la même chose… Mais ça aboutit au même résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher. » Le mot est lâché, la salle est ravie, Nicolas Sarkozy aussi, les “notifications push” des sites d’information sont envoyées. Bref, tout le monde peut rentrer chez soi satisfait.